1.1: salle des portails

La salle des portails ressemble à un dépot de décors de film. En effet, partout ou vos regards peuvent se poser, vous ne voyez que des plateaux, représentant à chaque fois des déors divers. Par ici, une luxuriante foret tropicale, par là, la maison du père Noel dans un super marché, et là, l'intérieur des toilettes d'une station service maculée de sang. Chacun de ces décors permet aux Voyageurs de passer dans un autre Plan. En effet, les Passeurs font en sorte de recréer l'atmosphère des Plans dans lesquel se rendent les Voyageurs afin de leur permettre de traverser le vide cosmique, présent entre chaque Plan. Ces décors en carton sont appelés fièrement des Portails.

Vous pouvez apercevoir ça et là des Passeurs fabricants des Portails, ou brieffant d'autres groupes de Voyageurs.

Un vieillard en blouse s'approche de vous.



Passeur Doc:
"Hey! Vous, là! Oui, vous! Vous voulez quoi?"

A présent vêtu d'une chemise blanche cintré et d'un pantalon noir, reléguant le blazer et la cravate, qu'il jugea trop peu pratique aux mouvements, par un gilet en tweed gris, Pavel arriva à la salle des portails.

Ok, qu'est ce que nous avons là? songea Pavel en observant ses camarades et la salle des portails autour de lui.

Une bande d'individus hétéroclites dont certains potentiellement dangereux, à n'en pas douter, parti pour une mission visiblement tout aussi dangereuse.
Il avait cru l'arrivée du dernier type, celui avec la tête de psychopathe punk, presque providentielle dans le bureau de Gomez, après qu'il est explicitement dit ce qu'il pensait à la taie d'oreiller. Manque de bol, le mastodonte bodybuildé aux anabolisants semblait sur la même longueur d'onde que son homologue en cagoule. Pas une bonne affaire que ces deux là fassent du copinage. Pas bon du tout... Surtout s'il voulait garder sa tête durant les prochaines 24 heures. Enfin, il aurait sans doute la possibilité de leur montrer qu'ils pouvaient faire équipe dans le plan où ils se rendaient...du moins espérait-il en avoir le temps.

Un dernier coup d’œil à l'équipe lui fit clairement ressentir ce que ce cher Docteur Livesey (référence à un livre qu'il avait lu d'un certain Stevenson) avait bien pu ressentir en montant à bord de l'Hispanola, avec une bande de pirates louches. Et le plus triste dans tout cela, c'était bien que le moins bizarre de tous semblait être celui qui se rapprochait le plus d'un pirate. A ses côtés "Long John Silver" le punk et "Chien noir" taie d'oreiller avaient l'air de deux dobermans.

Un étrange vieillard, sans aucun doute le passeur, les interpella, avant que Pavel n'ait le loisir de poursuivre son inspection du lieu. Il décida aussitôt de laisser la parole à ses camarades, car ceux-ci semblaient prompt à réagir, notamment les deux molosses derrière lui.
Qu'ils se débrouillent donc tiens! On allait voir s'ils étaient capables d'avoir une conversation correcte de plus de quatre mots d'affilés.
Comme la diplomatie ne semblaient pas leur fort, il y eu une petite pensée sinistre en imaginant le vieillard en omelette. Pourvu que ces camarades sachent se tenir...

Pavel se tourna de façon désobligeante vers ses comparses pour leur laisser tout le loisir de converser avec le passeur...

En fait, Blondie, il faisait dans l’enfant de cœur. C’est les deux types qui sont arrivés après, et qui allaient partir avec Blondie et moi, qui avaient plus l’air de requin-bouledogues. Le premier avait la tête du mec qui vient de faire la bise à un calamar géant ou à un stylo plume. Le second s’était fait scalper. Mais que sur les côtés. Le truc bizarre, quoi. Il a demandé une cigarette, mais, sans que j’aie eu le temps de pointer les cigares de Francky l’employeur, Billy la tâche en avait tendu une à Johnny la fumée. Les deux avaient l’air plus cruels que subtils, Blondie avait l’air plus diplomate qu’actif, et moi, j’avais l’air de bientôt avoir à chapeauter tout cet équipage. Les esprits commençaient déjà à s’échauffer, mais rien de bien méchant. Sur la Providence, des durs, j’en ai vu.

Je me suis séparé du groupe assez vite, pour aller à l’armurerie prendre l’arme la plus utilisée à l’époque. On m’a dit Beretta, j’ai pris Beretta. Je suis ensuite allé prendre des vêtements correspondants aux mondes que nous serons amenés à visiter. On m’a dit costume cravate, j’ai pris costume cravate. Moins pratique que la chemise en lin, mais plus seyant. Petite entorse à la fonte dans la foule, j’ai quand même pris mon sabre d’abordage. Des fois qu’il faudrait casser du marin d’eau douce. Pour la nourriture et le reste, on verra bien, la chance mettra bien sur ma route ce dont j’ai besoin ! J’ai quand même pris une bouteille de rhum, histoire de dire.

Je suis ensuite parti pour la salle des portails. Y’avait plein d’endroits différents au même endroit, j’ai trouvé ça drôle. Une fois, j’ai vu quelque chose du genre, mais j’avais bu du rhum coupé à l’eau de mer, donc je sais pas si ça compte.
Un type en blouse blanche nous a demandé ce dont on avait besoin. Blondie avait l’air d’attendre qu’on parle, et nous regardait comme si on avait tous le Scorbut. Il s’agirait qu’il me mette pas dans le même sac que Johnny Calamar et Billy Incendie. Je me suis donc avancé pour lui prouver que oui, j’étais quelqu’un de responsable, capable de converser avec quelqu’un sans pour autant lui tirer une balle entre les deux yeux.


« Salut, Compadre. Je suis le Capitaine Mangara de Corondor, voici mon officier en second, mon bosco et mon quartier maître. ‘faudrait qu’on fasse voile vers un hôtel, avec des salles de jeu. C’est le monde Klamp, mais j’ai oublié le numéro. On peut lever l’ancre quand ? »

Spoiler:

Pavel fut impressionné de voir avec quelle rapidité, celui qui s'était présenté comme le Capitaine Mangara prendre la parole, comprenant de ce fait son message silencieux. Apparemment celui là au moins pouvait réfléchir et s'adresser à quelqu'un normalement. Quelqu'un de bien, jugea t-il, il serait judicieux de rester dans son sillage.
Par contre Pavel se demanda brièvement quel était l’appellation que l'homme lui avait attribué en les nommant "officier en second, bosco et quartier maître." Après avoir été traiter de clodo et de paysan, au moins là ça avait le mérite d'être moins vexant.
Pavel coula un regard discret vers ses autres comparses pour voir comment ceux-ci allaient réagir à leur tour...

Passeur Doc:
"Alors, c'est vous le groupe en partance pour Klamp IV? Bien, parfait même.
Suivez moi, je vais vous faire un topo."

Le Passeur se met à avancer le long des scènes. Vous passez devant un anneau géant dont l'intérieur se reflète comme la surface de l'eau. Une autre scène contient une cabine de police bleue. Après vous être enfoncé entre les décors, vous arrivez à destination. Le plateau devant lequel s'arrete le Passeur ressemble à l'entrée d'un hotel luxueux.
En effet, le cadres en pierre fait ressortir la brillance des parties dorées. A travers les portes vitrées, vous pouvez apercevoir des gens élégamment vêtus traverser un hall recouvert de tapis rouge.








Passeur Doc:
"Voilà, c'est par là que vous allez partir, et pour certains, revenir."

Il vous tend un grand sac.

"Tenez, ce sont des vêtements adaptés à l'univers dans lequel vous allez vous rendre: costume trois pièces, robe de soirée, chapeaux, etc. Vous n'êtes pas obligé de les mettre, mais vous passerez plus inaperçu.

En ce qui concerne les règles de sécurité, rappellez-vous que vous ne devez parler du Multivers à personne qui ne soit initié. Nous venons d'ouvrir ce nouveau Portail. Il n'y a qu'un Passeur qui vous a précédé. Son nom est Hans. Lorsque votre mission sera terminée, trouvez le Passeur Hans et il vous fera revenir ici."

Pavel rajusta son gilet sans manches, en tweed gris, sur sa chemise blanche et lissa vite fait du plat de la main son pantalon. Sa tunique allait lui manquer. Il avait l'impression d’étouffer dans ses vêtements et de ressembler à un de ces médecins des années trente, qu'il avait vu dans un vieux livre sur la médecine qu'il avait dégoté durant ses années d'études à l'Académie.
Il resserra la lanière de sa sacoche en cuir, s'assurant que tout était bien à l'intérieur. Pour rien au monde il ne se séparait de celle-ci, quel que soit le Plan ou il se rendrait.

Pavel porta ensuite brièvement la médaille, aux armoiries de sa famille, qu'il avait au cou à ses lèvres, en une prière muette. Un peu de superstition ne pouvait pas faire de mal avant de franchir ce portail. Il repensa au jour ou un collectionneur lui en avait proposé presque 600 crédits qu'il avait obstinément refusé. C'est pourquoi, d'une main hâtive, il replaça en hâte la médaille sous sa chemise. Il ne manquerait plus qu'il la perde ou qu'on la lui vole.

" Pour moi tout est ok, je suis prêt " répondit-il ensuite au dernier de ses compagnons arrivés, celui avec la coupe bizarre, qui venait de la cacher avec un chapeau. Accoutré de la sorte, l'homme avait soudain presque l'air moins effrayant, même "normal" si on pouvait dire.

Passeur Doc:
"OK, alors voilà ce que vous allez faire.
Attention, cette manœuvre est très dangereuse: Vous entrez dans le décors et vous allez vous approcher de la porte principale. Vous verrez dessus une poignée standard modèle grand luxe. Vous devez mettre votre main sur la poignée de la porte, exercer un effort vers le bas, suffisant pour que la poignée pivote sur elle-même. Le mécanisme va déverrouiller la porte principale. Il vous faudra ensuite pousser cette porte et en franchir le seuil..... "




Inkface:
"En gros, les tocards: vous ouvrez la porte et vous rentrez dans l'hotel."




Passeur Doc:
"Mais, ce n'est pas tout. Lorsque vous allez passer ce Portail, votre corps sera dématérialisé, et séparé en milliard de petits éléments, que l'on appelle atomes. Vous serez alors transporté sur un autre Plan à travers le vide cosmique, à dix fois la vitesse de la lumière. Et avec un peu de chance, vous réapparaîtrez de l'autre coté. Si vous n'avez pas de chance...

Pensez à ce pauvre Bruce. Un jour, ça a foiré pour lui, et depuis, il se ballade avec le cul à la place des oreilles. C'est pour ça qu'on dit souvent que tout ce qu'il raconte à un arrière gout de merde. "

Passer une porte, rien de compliquer quoi, songea Pavel, en regardant la taie d'oreiller se moquer d'eux. Le but étant de ne pas la refermer dans la tronche de son voisin... Passer en premier serait donc judicieux, mais la partie où le passeur avait parlé des atomes avait de quoi refroidir même les plus petites initiatives...

" Et bien, puisqu'à vos yeux nous sommes sans doute trop sots au point de ne pas comprendre de simples consignes, que diriez-vous de passer en premier, pour l'exemple? " interrogea t-il l'homme au masque avec son air le plus innocent.

En son for intérieur, il se dit que même si la taie d'oreiller se re-matérialisait de manière aléatoire, après la traversé du portail, à l'arrivée on ne verrait pas grande différence sur son visage... Quelques tâches auraient peu être bougé de ci de là, allez savoir...

Inkface:
"Je t'attends de l'autre coté, le clodo."

Sur ces paroles, Inkface ouvrit la porte d'un coup sec, traversa le Portail, et la porte se ferme derrière lui. Après plusieurs minutes, vous le voyez apparaître dans le hall de l'Hotel, et vous faire un magnifique doigt d'honneur à travers la vitre.

Ça avait l’air rigolo. L’idée, c’était d’entrer, d’ouvrir une porte et d’avoir de la Chance pour pas finir à l’état de poudre à canon. Je sais pas trop si les trois mousses étaient inquiets, moi je l’étais pas. Francky le passeur l’avait bien dit : il suffisait d’avoir de la chance, et je suis surement le Voyageur le plus chanceux de l’académie. Aucun risque pour que je sois dématérialisé, donc. Pendant que Blondie faisait des rondes-jambes pour que la tache passe en premier, je m’assurai que mon nouveau Détective Spécial était bien dans la poche intérieure de mon costume, que mon sabre était bien à mon côté – Toujours avoir un sabre d’abordage assorti à son costume – et je m’avançai. La tache avait déjà traversé, et nous faisait déjà des gestes obscènes. C'était mignon.


« Tout doux les enfants. Il faut de la chance, ça tombe bien, j’en ai. On verra bien là-bas si Johnny la tache agit plus qu’il n’aboie. Le hasard peut pas être contre nous, z’êtes avec moi. Merci pour tout Doc, on se revoit quand on se revoit. »

Sans trop réfléchir, je continuai mon chemin vers la porte, et suivit les indications du doc. Arrivé de l'autre côté, je me plaçai aux côtés du jeune marin arrogant et attendit nos petits camarades



Edit : Argh, Gilles je te hais, j'ai été trop lent.

Seul à présent avec le doc et le type à la coiffure de hérisson, Pavel se dit que, finalement, il était peut être temps de passer ce fichu portail. Il valait mieux éviter de rester près de ces gars bizarres...
Les autres, la taie d'oreiller et le capitaine, avaient l'air en un seul morceau de l'autre côté, alors pourquoi pas...

Pavel inspira profondément, posa une main sur sa médaille, et attrapa la poignée de porte. Il l'ouvrit et la franchit, bien avant de laisser à son dernier compagnon le temps de s'avancer vers celle-ci. Au passage, Pavel se retint de justesse de répondre par un geste tout aussi malveillant à l'encontre de la taie d'oreiller.

Pavel arriva de l'autre côté, pour rejoindre ses camarades voyageurs, avec soulagement. Finalement tout c'était bien passé. Ce n'était peut être pas aujourd'hui qu'il se retrouverait avec un bras à la place du nez ou un oeil dans la main...